L’histoire d’une ancienne « COOP’ »
Au premier abord, on ne prête pas forcément attention au bâtiment qui abritait l’ancienne coopérative ouvrière de l’Union des Métallurgistes de Montataire. Toujours visible, le vieux fronton du bâtiment en brique de deux étages, décoré par des carreaux de céramique verts, indique « Coopérative du Beauvaisis – Succursale n°40 ».
L’ancienne coopérative est située au 94 rue Jean Jaurès, à l’arrière de la salle du Palace. Aujourd’hui, il fait office de locaux pour une supérette et une pizzeria, laissant peu entrevoir l’histoire que comporte ce patrimoine industriel à l’architecture art déco, typiquement ancré dans son époque.
À la fin du XIXe siècle, tout un mouvement de coopératives émerge. Structures avant-gardistes de l’économie sociale et solidaire souvent créées à l’initiative des groupes de travailleurs, l’idée est de permettre aux ouvriers de s’émanciper et de s’affranchir d’une tutelle du patronat sur le secteur de la consommation et de la production.
Une coopérative jusque dans les années 1950
La société des Forges ouvre des magasins coopératifs à la fin du XIXe siècle. Pour faire concurrence, Auguste Génie, maire de Montataire de 1919 à 1938, militant syndical et co-fondateur de l’Union des Métallurgistes de Montataire, fonde en 1893 la coopérative ouvrière l’Égalitaire en lieu et place de l’actuelle Bibliothèque Paul Éluard.
En 1903, le bâtiment actuel de la coopérative, est construit sur une parcelle acquise par le syndicat. Plusieurs boutiques y sont logées, dont une boulangerie, une épicerie et deux charcuteries.
À partir de 1914, le bâtiment de la coopérative des ouvriers métallurgistes s’étend avec la construction d’une salle des fêtes, actuelle salle de la Libération. Un couloir qui reliait la salle des fêtes au magasin est aujourd’hui condamné.
Avec la vente de la salle des fêtes en 1923, la coopérative est rattachée à celle du Beauvaisis, et ne dépend donc plus de l’Union des Métallurgistes. Elle en devient la 40e succursale comme l’indique le fronton resté intact.
La coopérative du Beauvaisis fusionne avec l’Union en 1932.
La vie de la coopérative
Selon le témoignage d’une habitante, les client·e·s se faisaient servir par une commerçante installée derrière son comptoir, au fond du magasin à l’éclairage pauvre. Comparés à notre époque, les produits étaient limités au strict nécessaire. Une odeur de vin s’échappait dans le magasin : la vente du vin se faisait « à la tirette » et il fallait donc que chaque client apporte ses bouteilles vides.
Des catalogues étaient distribués chaque année dans certains commerces. Les client·e·s commandaient l’article de leur choix, et tout au long de l’année achetaient des vignettes à coller dans un carnet. Lorsque le montant de la commande était atteint, ils pouvaient la récupérer. On y trouvait aussi bien du linge, de la vaisselle, des jouets, un trousseau pour les jeunes filles en vue de leur mariage…
La coopérative « l’Union » est vendue à la Ville à partir de 1951. Le bâtiment est vendu quelques années plus tard à des propriétaires privés et est aujourd’hui affrété à des fins commerciales.